lundi 2 novembre 2015

Le cimetière de Kensal Green à Londres

русский перевод

Je poursuis avec une autre promenade de circonstance durant la Toussaint.
Profitant de ma visite à Londres, je n'ai pu m'empêcher d'aller au cimetière de Kensal Green.
Ce cimetière est situé dans le nord-ouest de la capitale britannique.
Bon je rassure le lecteur, je n'ai pas passé tout mon séjour à Londres dans les cimetières...




Mon idée en visitant le cimetière de Kensal Green était de rendre hommage à 3 grands joueurs d'échecs du XIXe siècle, à savoir :

Alexander Mac Donnell (né à Belfast en Irlande en 1798 et décédé à Londres le 15/09/1835 à l'âge de 37 ans), adversaire malheureux de La Bourdonnais en 1834 dans une série de matchs-fleuves joués à Londres.

Howard Staunton (né dans le Westmoreland en Angleterre en 04/1810 et décédé à Londres le 22/06/1874), adversaire victorieux de Saint-Amant à la fin de l'année 1843 au Cercle des échecs de Paris, alors situé au-dessus du Café de la Régence.

Et surtout pour Louis-Charles Mahé de La Bourdonnais (né le 25/05/1797 à Paris et décédé le 13/12/1840 à Londres) meilleur joueur du monde de 1821 à 1840.

Notez que j'indique ici la date de naissance ainsi que le lieu probable de naissance de La Bourdonnais.
Mes recherches, publiées dans le tome 1 de mon livre, donnent une forte probabilité pour cette date du 25 mai 1797 et ce lieu, à savoir Paris.
Ainsi La Bourdonnais n'est pas né sur l'île de la Réunion ni à Saint-Malo comme cela est recopié de livre en livre et de site en site internet.

Notez les points que j'ai mis au stylo pour repérer les tombes si vous y allez un jour.

Du fait de notre choix d'entrée dans le cimetière, la première tombe à trouver était celle de Mac Donnell.
La référence que m'avait communiquée l'association du cimetière était "grave number 392 Square 182 Path Side".
Et après environ 30 minutes infructueuses et un découragement qui montait, le hasard a bien fait les choses.

 La plaque se distingue (quand elle n'est pas tombée...)


 

La plaque posée par "The Staunton Society" en 1997 était tombée dans l'herbe ce qui rendait la tombe difficilement identifiable.
Nous étions passés, mon épouse patiente et moi-même, plusieurs fois devant sans rien voir...
J'ai donc remis en place et nettoyé la plaque.

Initialement la gravure sur la tombe était
“Sacred to the Memory of
ALEXANDER MACDONNELL,
(Formerly of Belfast,)
Who died 14th September, 1835,
Aged 37 years.”

Maintenant il est absolument impossible de lire quoi que ce soit sur la pierre tombale.
Seule la plaque donne le nom de la personne enterrée là.
Voici ce à quoi ressemblaient les tombes de MacDonnell et La Bourdonnais en 1921.


“Our Folder” (The Good Companion Chess Problem Club) Mai 1921

Les deux autres tombes sont beaucoup plus simples à trouver, car elles se trouvent sur le bord d'un chemin.
Tout d'abord celle de La Bourdonnais "grave number 2796 Square 108 Road Side".
Celle-ci n'est pas à proximité de la tombe de Mac Donnell contrairement à ce que j'ai pu lire parfois.
Il faut marcher 5 à 10 minutes avant de la croiser.

La tombe de La Bourdonnais à une date indéterminée, la pierre tombale est alors au sol.
Photo non datée trouvée sur ce site internet.



Comme vous pouvez le voir, le texte est encore parfaitement lisible.
Mais il faut savoir que la pierre tombale était au sol par exemple dans les années 1920 ou bien beaucoup plus récemment (voir ci-dessus les photos).




Ce lieu me semble essentiel pour le souvenir du jeu d'échecs français.
C'est la seule tombe de la "Trinité française des échecs" à subsister (Philidor - Deschapelles - La Bourdonnais).
Il serait dommage de la voir se dégrader et l'idée d'une souscription pour la maintenir en l'état voire l'embellir me tente bien.


Vous pouvez donc lire sur la pierre tombale

“LOUIS CHARLES DE LA BOURDONNAIS,
The celebrated Chess Player,
Died 13th December, 1840,
Aged 43 years.”

Les obsèques de La Bourdonnais ont été prises en charge par son ami Georges Walker en présence de la femme de La Bourdonnais, Eliza Waller Gordon, de nationalité anglaise.
Tous les deux devaient parfaitement connaitre la date de naissance de La Bourdonnais en mai 1797, d'où la mention "âgé de 43 ans"...



Et à deux cents mètres de la tombe de La Bourdonnais se trouve celle d'Howard Staunton "Grave number 24419 Square 71 Road Side"
Là c'est le grand luxe. "The Staunton Society" a refait en 1997 de A à Z la pierre tombale de Staunton.
Le texte sur la tombe est un extrait de Shakespeare (dont Staunton fut un spécialiste) ainsi que la mention de son épouse inhumée à ses côtés quelques années plus tard.


Même si vous ne connaissez pas son nom (honte à vous) vous connaissez au moins les pièces d'échecs qu'il a approuvées, car elles sont devenues le standard du jeu d'échecs de compétition moderne.

Et pour l'anecdote, à la fin de l'année 1843, lors des discussions sur le match avec Saint-Amant, une des clauses du contrat portait sur la demande de Staunton d'utiliser ces nouvelles pièces d'échecs (au lieu d'un jeu "Régence")...
Ceci fut accepté par Saint-Amant, mais c'était déjà une victoire psychologique de Staunton...

Complément du 01/09/2022 - Dans les commentaires de cet article, Monsieur John Townsend (Wokingham, England) fait un commentaire pertinent et tout à fait exact au sujet des pièces d'échecs du match Saint-Amant vs Staunton à Paris en fin d'année 1843. Il s'agit de pièces d'échecs "St George", comme je l'ai indiqué dans un article correctif, si l'on peut dire, que j'ai publié quelques semaines après celui-ci en 2015.

1 commentaire:

  1. Les pièces d'échecs qui s'appellent "Staunton" n'étaient pas utilisées dans le match de 1843 à Paris. Elles n'existaient pas avant 1849. Harry Wilson expliqua les pièces que Staunton apporta avec lui à Paris:

    "The board and Chessmen taken to France ... were of the description M. St. Amant had repeatedly played with in England, and admired so much, that he expressed to Mr. Staunton, when last in London, a desire, if they ever played "a match" together, it might be with men and board so beautiful and distinct as those in question." (Chess Player's Chronicle, v, 57, 1845).

    Il se peut que les pièces "St. George" étaient utilisées en 1843.

    RépondreSupprimer